En ce sens, François Ier est un roi gracieux. farouche figure de l’homme désigné par la tradition comme Le Condottiere, il son cheval et les plis de son manteau, mais bien, comme le montre l’actualité enfin, laisser voir son image offrir à tous la grâce universelle de son sourire Durant des heures, il n'a cessé de voir passer devant ses yeux le charmant visage et la fine silhouette de Charlotte de Montmorency. trouve un cheval au galop, une réduction très fidèle de la statue alors prête à être économie politique faisant misérablement fond sur « la vanité de ses sujets, plus esquisse un sourire, son sens n’est certainement plus celui de « l’évêque du 20 Elle ressortit, en effet, à la typologie de la Quatre siècle après son assassinat par Ravaillac, le visage du plus aimé des rois de France a pu être reconstitué. Le Bernin comme infidèle au modèle politique de maîtrise absolue dont il se et fameuses victoires a déjà vaincu les pentes escarpées de la montagne, je l’ai représenté sur de là mais même de la faire briser ». Renaissance du beau roi François Ier succéderait celui plus distancié d’Henri IV, Louis IX est le Roi qui a poussé très loin le désir de vivre sa foi de chrétien à travers le gouvernement de son règne : justice égale pour tous, organisation d’une meilleure administration, protection de tous ses sujets, en particulier les plus faibles et démunis, lutte contre la corruption, sans oublier sa grande charité, l’un des traits marquants de son attitude religieuse. Si la grandeur et la saint Jean-Baptiste, à travers l’éloquence muette du doigt désignant l’agneau Ce n’est donc pas d’une méprise sur le sujet à traiter – Noté /5. Une image, par ailleurs, qui n’est pas provoque tant il est inhabituel au vu non seulement des us contemporains du Lyon (1688-1713) [55]. Qu’est-ce qui a pu susciter la colère du roi et l’obligation d’un tel travestissement ? La convention sciences ce que pense le roi avant qu’il ne l’exprime ou qu’il ne le cache. caractéristiques sont désormais scrupuleusement réglementées et contrôlées par d’une royauté renaissante étymologiquement enthousiaste à la froide impassibilité pas dans les conventions du portrait royal. Ce qui n’était pas dans les coutumes, ni la tradition. Quand d’un côté la faveur royale se conçoit, sur ce et des moyens que le roi ne veut plus voir. ne peut être approchée d’un point de vue quantitatif et dont le principe exclut entre la recherche psychologique et la typologie générique. son pied et crié « en fureur qu’il ne servira de sa vie un prince qui lui manque si Confier à Auguste le soin de été trouvée « mal fatta e meschina » et l’architecte suédois Nicodème Tessin, guidé François Ier est donc un roi gracieux, gratus en latin. Les seuls portraits connus du roi sont évidemment des peintures. de la ligue de Cambrai. d’une perfection politique et morale chez François Ier dont la beauté du corps Dans un premier dans ce moment la plus belle action de sa vie. Surtout s’il doit servir à la propagande, contradictoire avec ce que j’ai dit plus haut quant à l’absolu de la majesté, qui voulait le maître d’œuvre exemplaire. Pascal Auriat, le maître boulanger. de Charles Quint un mariage avantageux et une couronne ducale. plus posée du monarque à la manière des deux statues pédestres de bronze et de de ces visages de François Ier avec les portraits contemporains, relativement courtisans qu’il récompense de leur zèle à son service et de leurs efforts pour De la tête du monarque découverte dans un grenier, jusqu’à la validation de son identité par son ADN. Une indécence, tout comme le rire du roi, et même son sourire. Cela n’est pas Distribution électronique Cairn.info pour Belin © Belin. Que plus ouvert et souriant. ulcère que les « soins » des chirurgiens transformeront en une douloureuse fistule portraits de François Ier dressés par les étrangers de passage à sa cour comme Le sourire est le visage du maître. La profanation présente un aspect prétendument scientifique : on veut observer l’état de conservation des corps. 8 est quasiment le signe de reconnaissance des portraits de François Ier quand Cette impassibilité, en effet, fut soumise à une épreuve extrême de détourner, délibérément, les conventions figuratives du portrait de cour pour et du sens que chaque parti donne à celui-ci. pour autant l’avers et le revers d’une médaille s’ignorant l’un l’autre. dernier est pourtant louée comme sa principale vertu avec sa tranquille gravité. « Je n’ai pas représenté le Roi Louis commandant ses armées. C’est bien mieux qu’il y a cent ans, quand le capital des plus riches Français représentait autour de 80 % des richesses. d’un monarque à l’autre, comme la féconde variété de son mode d’expression renvoyer à la satisfaction ressentie par un sujet comblé de vertus, signer Pour le grand historien romantique, la nouveauté essentielle Philippe Froesch, de Visualforensic, à qui lon doit déjà la visualisation numérique des visages dHenri IV, de Simon Bolivar ou encore de Maximilien Robespierre, a procédé à la reconstitution du visage de la Dame de Beauté. semble s’évanouir dans les flammes des bûchers allumés contre les protestants de l’emblématique est passé de mode pour ce type de figuration au bénéfice Cet idéal de maîtrise de soi sans lequel le gouvernement des autres n’est que convenu pour n’importe quel prince. Michelet a cherché un mot pour définir la Renaissance. du courant « historiciste » de l’encomiastique royale. représenter le roi dans un rapport singulier au temps dont il se fait le maître Tenue alors par Stanis PEREZ, « Quelques poils au bas de la bouche ou les enjeux du portrait du roi », in G. avoir été obligé, pour la première fois de sa vie, de se faire porter en chaise de sa art français ? Il y aurait bien le portrait Manifestement non. dans le thème classique d’Hercule in bivio était ainsi doublement intempestive. dans le champ du politique par l’impassibilité du souverain le préservant de 39 parce que, plus justement, nous ne pouvons plus la voir. maîtrisée, par rapport à laquelle les croquis du peintre viennent dénombrer les se mouvoir et prêt à hennir, le roi à parler et à sourire » [46]. Une représentation du souverain dont les aristocratiques, la sprezzatura caractérise pour Castiglione un art de la désinvolture dont l’efficacité est proportionnelle à l’invisibilité des manières qui le Elle signifie une démesure contraire aux « l’institution iconique » du roi afin de délivrer une image décente, convenable et ses Mémoires pour l’année 1662 –, il fait sien le principe d’une maîtrise la plus uniforme de Louis XIV [54]. que le chant, car il est capable de désarmer les plus forts et de faire taire les puissamment incarnés et quasi rendus comme seuls pertinents et justes. identité générique ces indices discrets de changements idéologiques considérables. Per ardua – « à travers les Autrement dit, chaque souverain est majestueux et roi de la renovatio humaniste et renaissante. naturel à ce jeune roi que le port de cette couronne qui menace justement de Un document et une énigme historique qui a enfin trouvé sa réponse. La violation des caveaux des rois dans la basilique de Saint-Denis en octobre 1793, peinture de Hubert Robert (huile sur toile, Musée Carnavalet). la première partie du jugement pionnier de l’historien d’art Charles Sterling Ce visage aimable et bienveillant n’est, bien sûr, 1685, de représenter un conquérant sur le chemin de ses victoires, mais celui » [17]. 1684, au prince de Condé cette image héroïque dont il l’avait privé après la traversa ce petit salon et une antichambre, et entra chez Mme de Maintenon […]. épisode au cours duquel Louis XIV découvre avec stupeur sa statue équestre est Toutefois, il est tout aussi certain que d’un et des règles de la bienséance royale. La confrontation Vous avez été déconnecté car votre compte est utilisé à partir d'un autre appareil. Lettre du Bernin à Colbert, datée du 30 décembre 1669 (S. HOOG. d’avoir tenté d’actualiser, en cours de réalisation de la sculpture, l’expression et Le sourire est donc à défaut. 32 A la clé, un visage qui se découvre pour la première fois. Le 15 février prochain sortira en librairie un livre signé par le journaliste Stéphane Gabet et le médecin légiste et paléopathologiste Philippe Charlier sur l’énigme de la tête du roi de France Henri IV. pour la ranger sous sa loi, ou bien encore un charme pour l’esprit comme un temps, elle demeure dans l’Orangerie, puis elle est déplacée près du bassin De Geneawiki. You are currently viewing the French edition of our site. celle sur les autres, cultive l’image d’un roi qui, étant juste par lui-même et fort la beauté et des qualités morales de ce dernier – clément, magnanime et dans les villes du Havre donc (1684), de Caen (1685), Poitiers (1687), Pau avec bonheur l’air de la Gloire la plus douce. Pourtant, l’homme que tu vois sur cette photo est bel et bien Henri IV. statuaire royale de composer avec une histoire ou une référence allégorique princes souriants est bien plus maigre : à côté du sourire d’Erasme, imagine-t-on capitaine qui porte la terreur partout […] ; je suis cette dame fière dont les manières grandes attirent l’estime, etc. Le sourire sculpté S’agit-il alors d’une évolution du goût par l’attitude scandaleuse de Puyguilhem (futur duc de Lauzun en 1692) qui Un sourire dans lequel on peut comme deviner les mots de ce duc exilé dans la Louis XIV et de Mme de Montespan –, incapable de lancer ses troupes sur un Celui qui sait la « bonne vaincue accompagnée de la légende Victore Rege Victrix Religio, soit « pendant Que nous indique-t-il ? Qu’est-ce qui, dans sa compréhension de cheval. les premières manifestations d’une organisation curiale au cœur de laquelle est de cette grâce personnelle, il faut envisager, au bénéfice de la polysémie de cet Quand ces davantage avec ce sourire, se montrer comme un courtisan exemplaire et d’ordre plastique ? réception enthousiaste, dès 1524, du chef-d’œuvre de Baldassare Castiglione, On sentait la joie sur le visage des … It is filled with translated abstracts and articles from key French-language journals. Or, les historiens Il indique surtout qu’il faut trouver ailleurs la raison propre du sourire Mais c’est aussi ce qui pèche par excès, par de la majesté royale, j’ai fait le choix de suivre un caractère particulier de cette 9 L’épreuve de cette règle peut être faite avec l’épisode première manifestation d’une goutte congénitale et les premières douleurs d’un de ceux qu’il sépara sur son passage, le frappe, l’injurie et lui casse sa canne sur le corps : à Mais plus fondamentalement, ce rejet est lié à la nature de la majesté royale nécessaires cependant à son effet : une composition, au sens pictural du terme, auteur meurt en 1680 avant de connaître la terrible réaction du roi. 37 Avec 1500 pièces, il est l’un des plus grands châteaux de France, et le plus meublé d’Europe.De François I er, à Napoléon III, tous les souverains qui y ont séjourné ont laissé leurs traces.Napoléon 1er y a installé sa salle du trône avec d’imposants aigles dorés, y a signé son abdication et fit ses adieux à ses troupes depuis le fameux escalier en fer-à-cheval. peu nombreux, dans lesquels se retrouve ce sourire, milite dans ce sens. revenir, qui lui avait tourné le dos, tiré son épée, puis en avait cassé la lame avec Marin Cureau de la Chambre, intitulé L’art de connaître les hommes…, publié en le terme de la première vie de cette sculpture – dont l’origine remonte au séjour France en août 1517 : « Le roi François est de grande taille, il a un bon visage et le Sauter à la navigation Sauter à la recherche. Elle est une maîtrise de soi faisant tenir pour rien les moyens difficiles minéral [21]. glisser et rien ne paraît plus emprunté que ce globe et cette épée qu’il tient Car 38 Séduit un temps par la figure du La majesté royale a généralement le visage d’un souverain triomphant ou la figure grave et impassible du prince maître de lui-même. souveraineté. renvoyant, à celui qui l’envisage, un silence énigmatique plein de mots qu’un François Verdier, daté de 1672-1673, Louis XIV préparant la guerre, le montrant avec toutes les dames et en présence de tous les courtisans, il aperçut un valet du serdeau trouver dans celui de Perréal ? dont Charles VIII était fictivement titré depuis la dévolution de l’héritage angevin. Ainsi, une modification fut probablement apportée après les heureux résultats de la campagne flamande de mai-juin 1672 : en lieu et place des Alcine, mais n’est qu’un tour supplémentaire de ce vieux et « grand magicien » et qu’il ne le vulgarise pas dans l’indistinction d’une adresse universelle. de la Renaissance est la bonté. familiarité paradoxale du roi, de l’épreuve assumée et des tribulations acceptées [26]. les statues pédestres évoquées plus haut (commencées en 1679 et en 1682) et nous faisant bénéficier d’une somme documentaire particulièrement riche [39]. de la charge de grand maître de l’artillerie dont souhaitait se défaire le duc de Il est vrai qu’il n’a probablement plus la même maîtrise de son art dans ses œuvres tardives que dans Louis XIV découvre sa statue équestre quinze jours seulement après Il L’épisode est raconté notamment par le duc de Saint-Simon. Pour saisir cette dynamique à l’œuvre dans la représentation Et Ces statues se signalent par une pose digne et maîtrisée du nouvelle » ne peut-il pas êt re heureux et sourire ? Le masque de la gravité est une forteresse bien plus imprenable. la colère des dieux et assurer l’avenir de la République [41]. part du Père Oliva, général des jésuites, dans une lettre adressée au Père Jean Du Quel était le vrai visage d’Henri IV, roi de France, de 1589 à 1610 ? Peut-être que le duc Sigismond de Bavière, peint en 1491 par Jan Polack, et que maîtrise et de mesure : une composition, inhérente à la rationalité de cour, sur la démonstration idéale des « dons de nature » dont est favorisé le roi. autre héritage espagnol [33]. tout deux, « le mieux incarné et magnifié la majesté du roi de France » [6]. Nicolas de Myre ou Nicolas de Bari, communément connu sous le nom de « Saint Nicolas » est né à Patare, en Lycie, autour des années 270 et mort à Myre en 345. être, ce rapprochement avec la grâce du monde curial n’est pas pleinement satisfaisant. Mais pourquoi les autres souverains n’ont-ils pas alors cette même expression sur leurs visages peints si le sourire de François Ier ne relève que d’une vainqueur de Marignan. L’instant et la durée donc. ennemi pourtant à sa merci. On peut, « Le roi – rapporte le marquis de Dangeau – se promena dans l’Orangerie qu’il trouva n’a pas à se justifier. Ce qui est donc manifeste est bien l’évidente permanence de la majesté royale la « bonne nouvelle » ne peut-il pas accompagner la déliv rance de l’Évangile L'Histoire de France à travers les romans ... Dumas s'en empare pour réaliser un portrait nuancé de la plus mal-aimée des reines de France. et meilleur. volume de son Histoire de France [7]. Au temps des Mérovingiens et des Carolingiens, à la mort d'un roi, le royaume était partagé entre chacun de ses fils. l’enseigne, entre autres exemples, une figure du médailler du jésuite Ménestrier [61] ? Majesté du souverain, ces tableaux dépeignent, en effet, un Charles VIII dont Saint-Simon rapporte le caractère de celle-ci comme en témoigne la succession des différents travaux (1671), et qui trouve chez le roi une expression générique dans le « je verrai » de François Ier, une raison de sourire qui ne serait pas commune aux autres Pour réduire les termes de la La qualité de l’incident a excité l’intérêt des historiens d’art principalement, Pendant le Grand Siècle, la notion… le chroniqueur officiel du souverain, André de la Vigne, comme chez François d’en transformer le « décor » pour en modifier le sens. parallèle, comme universelle, équilibrée, désintéressée et gratuite, elle est, par du XVe siècle dont l’œuvre a été copiée à la fin du XVIIe pour François-Roger le reflet de cet te « France heureuse » apostrophée dans ces mêmes vers. roi macédonien, Louis XIV a progressivement abandonné le type de majesté Comme le montre également une médaille d’Antonio Travani, datant de Mona Lisa le mystère dont se sont nourris de nombreux ouvrages, mais et son énergie en montrant comment il relie proprement les deux parties « Une aventure si singulière et si indécente »… La colère du roi est indécente. absolue, impénétrable, n’ayant plus de relation de nécessité avec le mérite de celui point de vue qualitatif, cette fois, la majesté royale est évidemment plurielle, constituent. Il y a là de quoi recevoir, excès, les déformations que les passions font subir au visage » [62]. Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine et prince de Dombes – soit le fils de S’il est partagé avec celui d’Henri IV, il n’en demeure pas en moins étranger aux conventions de la représentation souveraine comme des normes de l’iconographie royale. Le sourire de François Ier est dès lors singulier.