La première partie passe en revue les éléments du texte du Cadre qui permettent d’apprécier sa conception de la nature et de la place de la dimension linguistique dans le langage. Certes, dans mainte société qui entre dans le champ d'étude des ethnographes, il existe un orgueil de groupe ; mais ce groupe, s'il se tient pour privilégié par rapport aux autres groupes, ne se pose pas comme [44] une « race » et ne dédaigne pas, par exemple, de se fournir en femmes parmi les autres groupes ou de sceller avec eux des alliances occasionnelles ; beaucoup plus que le « sang », ce qui fait son unité ce sont les intérêts communs et les activités diverses menées en association. Paris, 1936. « Âgé de cinq ou six ans, je fus victime d'une agression ». La langue elle-même, instrument et condition de la pensée, ne peut servir à établir une hiérarchie entre elles : on trouve, par exemple, des formes grammaticales très riches dans les parlers de peuples sans écriture et regardés comme « non civilisés ». Les corrections au fil de la plume sont rares, ainsi que les corrections interli-néaires. Certes comme le fait remarquer l'auteur de l'article cité il n'a pas manqué d'anthropologues pour dénoncer le caractère conventionnel des traits selon lesquels on répartit l'espèce humaine en groupes différents et assurer, d'autre part, qu'il ne saurait exister de races pures ; et l'on peut, de surcroît, regarder aujourd'hui comme établi que la notion de « race » est une notion d'ordre exclusivement biologique dont il est impossible à tout le moins dans l'état actuel de nos connaissances de tirer la moindre conclusion valable quant au caractère d'un individu donné et quant à ses capacités mentales. Si grand est le rôle des emprunts (qui représentent une économie en ce sens qu'ils évitent à une société d'avoir à parcourir par elle-même toutes les étapes menant à l'invention qu'elle emprunte) qu'on peut dire des cultures comme il a été établi pour les races qu'elles ne sont jamais « pures » et qu'il n'en est pas une qui, dans son état actuel, ne résulte de la coopération de peuples différents. Michel Leiris. Dans la majorité des cas, ce groupe n'est même pas, en vérité, une « race » tout au plus une fraction de race, en l'admettant très isolé et représente simplement une société dont l'antagonisme avec les autres sociétés, qu'il soit de tradition ou lié à des intérêts circonstanciels, n'est pas d'ordre biologique mais purement culturel. Les Mandchous, par exemple, rude tribu de nomades toungouses, après avoir conquis la Chine au milieu du XVIIe siècle, fournirent une dynastie qui régna glorieusement sur un pays dont la civilisation connut alors une de ses périodes les plus brillantes, ce même pays qui, après avoir renversé en 1912 la dynastie mandchoue et s'être constitué en république, est aujourd'hui en voie de socialisation. C'est oublier, d'une part, que des trouvailles telles que la théorie einsteinienne de la relativité ou la désintégration de l'atome viennent au terme d'une longue évolution qui les a préparées et, d'autre part, que maintes inventions aujourd'hui dépassées et dues à des anonymes ont témoigné, en leur temps et en leur lieu, d'un génie au moins égal à celui des plus renommés de nos savants : les premiers Australiens, par exemple, qui fabriquèrent des boomerangs capables de revenir vers leur point de départ ne disposaient évidemment ni de laboratoires ni de services de recherche scientifique, mais ils n'en parvinrent pas moins à fabriquer ces engins, fort compliqués du point de vue balistique ; de même, les ancêtres des actuels Polynésiens, lorsqu'ils essaimèrent d'île en île sans boussole et avec pour seules embarcations leurs pirogues à balancier, accomplirent des performances qui ne le cèdent en rien à celles des Christophe Colomb et des grands navigateurs portugais. S'il n'est pas suffisant de dire de l'homme qu'il est un animal social (car des espèces très variées d'animaux vivent elles aussi en société) il peut être défini comme un être doué de culture, car, seul de tous les êtres vivants, il met en jeu des artifices tels que la parole et un certain outillage dans ses rapports avec ses semblables et avec son environnement. Discussions. Un auteur décide de raconter sa vie, de se raconter. Nights as Day, Days as Night - More than one hundred entries in this book, the author's dream journal, composed over a span of forty years. » 51 p. in-4. Mais il n'en est pas ainsi quand il s'agit de groupes plus importants, car les croisements entre familles se sont alors opérés à une échelle trop grande et avec l'intervention d'éléments de provenances trop diverses. Sujet 10 - Séries générales *** Sujet AEF corrigé. Bien qu'aucune culture ne soit absolument figée il faut admettre que, là où se rencontre une forte densité de population, les conditions sont meilleures pour que la culture du groupe en question reçoive de nouveaux développements. Soit, par exemple, ce que nous appelons la « civilisation égyptienne », c'est-à-dire un continuum de formes culturelles qui a eu pour cadre l'Égypte depuis l'époque néolithique (où le blé et la même orge qu'aujourd'hui [33] étaient déjà cultivés, dans la région du Fayoum) jusqu'au IIIe siècle de notre ère, moment où s'y diffusa le christianisme : dès l'âge de la pierre polie, les sépultures révèlent l'existence en Égypte d'une population kamitique à laquelle s'adjoint, dès le début des époques dynastiques, une population de type très différent ; compte non tenu des invasions qu'elle a subies celles des Hyksos (nomades qui viennent d'Asie, au IIe millénaire av. Paris: Gallimard, 2014. Boas (Franz), « Racial purity », Asia, XL, 1940. L’Âge d’Homme : autobiographie écrite entre 1930 et 1935 et dédiée à Georges Bataille « qui est à l'origine de ce livre ». Michel Leiris, (born April 20, 1901, Paris, France—died Sept. 30, 1990, Saint-Hilaire), French writer who was a pioneer in modern confessional literature and was also a noted anthropologist, poet, and art critic.. Leiris studied at the Sorbonne (University of Paris) and at the School for Advanced Scientific and Religious Studies. Basel, Kunstmuseum. Récit à la première personne, celui qui dit « je », c’est bien l’auteur, celui qui tient sa plume. More information will be found under this same title in the lectures for 1937-38.] Une culture n'apparaît donc ni comme le fait d'un « héros civilisateur » (ainsi que le voudraient tant de mythologies) ni même comme celui de quelques grands génies, inventeurs ou législateurs ; elle résulte d'une coopération. Enfin, toutes les recherches sur le caractère ont été impuissantes à démontrer qu'il relève de la race : dans tous les groupes ethniques on trouve des types très divers de caractères, [16] et il n'y a aucune raison de penser que tel ou tel de ces groupes aurait pour lot une plus grande uniformité à ce point de vue. Loin d'être limitée à ce qu'on entend dans la conversation courante quand on dit d'une personne [22] qu'elle est ou qu'elle n'est guère « cultivée » (c'est-à-dire pourvue d'une somme plus ou moins riche et variée de connaissances dans les principales branches des arts, des lettres et des sciences tels qu'ils se sont constitués en Occident), loin de s'identifier à cette « Culture » de prestige qui n'est que l'efflorescence d'un vaste ensemble par lequel elle est conditionnée et dont elle n'est que l'expression fragmentaire, la culture doit donc être conçue comme comprenant, en vérité, tout cet ensemble plus ou moins cohérent d'idées, de mécanismes, d'institutions et d'objets qui orientent explicitement ou implicitement la conduite des membres d'un groupe donné. Du point de vue psychologique, la culture d'une société consiste en la totalité des façons de penser et de réagir et des modes de conduite accoutumés que les membres de cette société ont acquis par voie d'éducation ou d'imitation et qui leur sont plus ou moins communs. The Catholic University of America Press, Washington D.C., et Longmans, Green and Co., London, New York, Toronto, 1941. Les tribus dont la culture est la plus simple sont, dans l'ensemble, celles qui ont été isolées pendant de très longues périodes, de sorte qu'elles n'ont pas pu profiter de ce que leurs voisins avaient accompli en matière de culture. [La diffusion de ce livre, dans Les Classiques des sciences sociales, a été accordée le 3 avril 2008 par M. Jean Jamin, secrétaire général de la revue L'Homme, responsable de l'héritage intellectuel de l'auteur.] Dès la première page, la curiosité du lecteur est ainsi éveillée. ), il est bien évident que, le propre d'un « grand homme » étant de se voir reconnu tôt ou tard par un large milieu social, il est impossible par définition qu'une société isolée ait produit ce que nous appelons un « grand homme ». Or ce qui rend la question délicate même de ce seul point de vue, c'est qu'on ne peut s'en tenir à un seul caractère pour définir une race (il est, par exemple, des Indous à peau foncée qui se différencient des noirs à trop d'autres égards pour qu'on puisse les considérer comme tels). N'empêche que le racisme, avoué ou inavoué, continue à exercer ses ravages et que le genre humain, aux yeux du plus grand nombre, continue d'être divisé en groupes ethniques clairement délimités, doués chacun de sa mentalité propre, transmissible par l'hérédité, étant admis comme une vérité première qu'en dépit des défauts qu'on peut lui reconnaître et des vertus qu'on veut bien croire inhérentes à certaines des autres races, c'est la race blanche qui occupe le sommet de la hiérarchie, au moins par les peuples qui passent pour les meilleurs de ses représentants. 108-125.. La version originale de 1938, de cette contribution qui fit date, reprise en 1980. L'Inde, la Chine et le Japon, les grands Etats américains antérieurs à la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb n'ont pas tardé non plus à prendre rang et personne ne contesterait aujourd'hui qu'une place à tout le moins fort honorable doit leur être accordée dans une histoire générale de l'humanité. Commencé à trente-quatre ans, après une cure psychanalytique, L’Âge d’homme retrace la vie de son auteur avec le regard rétrospectif de l'autobiographie. ), Man's most dangerous myth : the fallacy of race. Tête de paysan catalan (Head of a Catalan Peasant) 1924. Grâce au prestige des monuments qu'elles ont laissés ou du seul fait de leurs relations avec le monde de l'antiquité classique (soit le monde gréco-romain) certaines grandes cultures ou séries de cultures successives que l'Orient a vues se développer ont, assez tôt, acquis droit de cité pour la pensée occidentale : celles qui ont eu pour théâtre le Proche-Orient (avec l'Égypte, la Palestine qui a laissé des livres saints en guise de monuments, et la Phénicie par exemple), le Moyen-Orient (avec l'Assyrie, la Chaldée, la Perse) avaient joui d'un rayonnement suffisant pour être classées très vite parmi les « civilisations » jugées dignes de ce nom. Alcan, Paris, 1902. Il y a eu, certes, un peuple qui avait pour langue [10] le latin et dont la civilisation, à l'époque de l'Empire romain, s'est étendue à la plus grande partie de l'Europe occidentale et même à une portion de l'Afrique et de l'Orient, cela lorsque la pax romana eut été imposée à un grand nombre de populations très diverses et que Rome fut devenue l'une des cités les plus cosmopolites que les hommes aient jamais connues. Toute ma représentation de la vie en est restée marquée : le monde, plein de chausse-trapes, n'est qu'une vaste prison ou salle de chirurgie ; je ne suis sur terre que pour devenir chair à médecins, chair à canons, chair à cercueil ; comme la promesse fallacieuse de m'emmener au cirque ou de jouer à faire la cuisine, tout ce qui peut m'arriver d'agréable en attendant n'est qu'un leurre, une façon de me dorer la pilule pour me conduire plus sûrement à l'abattoir où, tôt ou tard, je dois être mené. De plus, s'il est possible d'identifier un Anglais à sa façon de se vêtir ou simplement de se comporter, il est impossible de le reconnaître comme tel sur sa seule apparence physique : il y a chez les Anglais, comme chez tous les autres Européens, des blonds et des bruns, des grands et des petits et (pour nous référer à l'un des critères les plus usités en anthropologie) des dolichocéphales (ou gens au crâne allongé dans le sens antéro-postérieur) et des brachycéphales (ou gens au crâne large). Here is the very first entry: "In front of a crowd of gawking spectators - of whom I am one - a series of executions is being carried out, and this rivets my attention. La culture des différents peuples reflète, essentiellement, leur passé historique et varie dans les limites mêmes où leurs expériences ont été différentes. Gourou (Pierre), Les pays tropicaux. Michel LEIRIS, L'Ãge d'homme, « la gorge coupée ». Best known for his four-volume autobiography La r gle du jeu (1948 76), he was the author of an astonishing range of works including poetry, criticism, ethnography, sociology, and art history. Au mésolithique on constate l'existence d'un mélange de races, d'où émergent au néolithique les Nordiques, les Méditerranéens et les Alpins, qui ont constitué jusqu'à ce jour les éléments essentiels du peuplement de l'Europe. Extrait du « Journal de psychologie normale et pathologiques », (Paris), XXXVe année, 1938, pp. S'il existe indiscutablement, en dehors des différences individuelles, des différences qu'on peut tenir pour plus ou moins spécifiques des membres d'une société donnée par rapport à ceux des autres sociétés, c'est dans le domaine des comportements appris que pourront être observées de telles différences et ces différences seront, par définition, culturelles. La langue qui «fourche» est un outil d'expérimentation du langage. Très nette, donc, nous apparaît la distinction entre les trois grands groupes en lesquels les savants sont presque tous d'accord pour répartir l'espèce Homo sapiens : caucasoïdes (ou blancs), mongoloïdes (ou jaunes, auxquels on joint généralement les Peaux-Rouges), négroïdes (ou noirs). Quel que soit le rôle de l'agressivité dans le psychisme humain, nulle tendance ne pousse les hommes à des actes hostiles dirigés contre des hommes regardés comme d'une autre race, et si de pareils actes, trop souvent, se commettent [46] ce n'est pas à cause d'une inimitié d'ordre biologique, car on n'a jamais vu (que je sache) une bataille de chiens où les épagneuls, par exemple, feraient front contre les bouledogues. Après avoir fait d'innombrables victimes civiles et militaires la récente guerre mondiale s'est terminée, sans que l'humanité y ait trouvé un apaisement, par la défaite de l'Allemagne nazie et des puissances qui avaient fait cause commune avec elle. Une confusion du même ordre, exploitée de la façon que l'on sait par la propagande raciste, s'est opérée à propos des « Aryens » : quoi qu'en ait dit le comte de Gobineau (qui fut, avec son Essai sur l'inégalité des races humaines paru en 1853-1857, l'un des premiers propagateurs de l'idée de la supériorité nordique), il n'y a pas de race aryenne ; on peut seulement inférer l'existence, au IIe millénaire avant notre ère, dans les steppes qui couvrent le Turkestan et la Russie méridionale, d'un groupe de peuples doués d'une culture et d'une langue communes, l'indo-européen, d'où dérivent entre autres langues le sanskrit, le grec ancien et le latin, ainsi que la plupart des langues parlées aujourd'hui en Europe, car l'expansion et l'influence de ces peuples ont intéressé une aire d'une ampleur considérable. Dans un article récemment publié par le Courrier de l'Unesco, le Dr Alfred Métraux (l'un des ethnographes dont les travaux ont porté sur le plus grand nombre de régions du globe) écrivait : Ironie non moins étrange, c'est dans la mesure où les races réputées inférieures prouvent qu'elles sont à même de s'émanciper que, les antagonismes devenant plus aigus dès l'instant que les hommes de couleur font pour les blancs figure de concurrents ou se voient reconnaître un minimum de droits politiques, le dogme racial est affirmé avec une énergie plus manifeste tandis que, paradoxe non moins grand, c'est par [5] des arguments présentés sous le couvert de la Science cette divinité moderne et de son objectivité qu'on cherche à justifier rationnellement ce dogme obscurantiste. Il résulte donc des recherches effectuées au cours de ces trente ou quarante dernières années, tant par les anthropologues que par les psychologues, que le facteur racial est loin de jouer un rôle prépondérant dans la constitution de la personnalité. Review Essay: The Holofernes Complex A new edition of Michel Leiris’ Manhood Emmanuel Delille1 L’Âge d’homme preceded by L’Afrique fantôme, by Michel Leiris. Michel LEIRIS Nous tendons à voir dans la race le fait primordial, celui dont le reste découle, et, si nous considérons qu'il existe aujourd'hui un nombre considérable d'hommes de race jaune et de race noire qui exercent les mêmes métiers et vivent dans le même cadre que les blancs, nous sommes portés à voir là une sorte d'anomalie, à tout le moins une transformation artificielle, comme si à leur vrai fond s'était surajouté quelque chose d'étranger à eux-mêmes, qui altérerait leur authenticité. - Dactylogramme avec corrections autographes : « Perspectives culturelles aux Antilles françaises et en Haïti. Commande Suspendue !En raison du grand nombre de demandes, et pour pouvoir les traiter au mieux, le site est fermé. J.-C). En Afrique équatoriale, on constate que les Pygmées eux-mêmes, dont les techniques alimentaires se bornent à la chasse et à la cueillette, vivent en une sorte de symbiose économique avec les nègres sédentaires dont ils sont les voisins (échangeant des produits de leur chasse contre des denrées agricoles produites par ces derniers) ; cet état de symbiose ne va pas sans conséquences dans d'autres domaines culturels et c'est ainsi que les divers groupes de Pygmées ont aujourd'hui pour langues celles des groupes de nègres cultivateurs avec lesquels ils sont liés par de telles relations. Édition revue. On peut présumer que ce qui serait susceptible d'intervenir comme facteur particulier de différenciation serait, plutôt que la race, le préjugé de race, qui suffit à créer pour ceux qui en sont l'objet même s'ils ne sont pas victimes d'une discrimination positive une situation sans commune mesure avec la situation de ceux dont nulle idée préconçue ne peut faire dire qu'ils ne sont pas « comme tout le monde ». Box 211, Hygiene, Colo., Cloth, $22; Paper, $13.) J.-C), puis la conquête romaine, épisodes qui les amenèrent à de nombreux mélanges, avant même la Diaspora ou dispersion dans tout l'Empire romain, qui suivit la destruction de Jérusalem par Titus (70 ap. Question relative au texte proposé (6 points) Proposition de corrigé Le passage extrait de Biffure de Michel Leiris se situe en tête d'une autobiographie. Auto (moi)-bio (vie)- graphie (écrire) : écrire ma vie. L'erreur qui fournit un semblant de base théorique au préjugé de race repose principalement sur une confusion entre faits naturels, d'une part, et faits culturels, d'autre part, ou pour être plus précis entre les caractères qu'un homme possède de naissance en raison de ses origines ethniques et ceux qu'il tient du milieu dans lequel il a été élevé, héritage social que trop souvent, par ignorance ou intentionnellement, on omet de distinguer de ce qui est en lui héritage racial, tels certains traits frappants de son apparence physique (couleur de la peau, par exemple) et d'autres traits moins évidents. Il est donc vain de chercher dans les données biologiques [36] relatives à la race une explication des différences que l'on constate entre les réalisations culturelles auxquelles sont arrivés les divers peuples. Dactylographie avec corrections autographes.Michel Leiris, « Quant à Arnold Schoenberg », in Brisées, Mercure de France, 1966 Faudra-t-il en conclure que ces individus typiques représentent la race en question à l'état pur ou presque alors que les autres n'en seraient que des représentants bâtards ? Ainsi, au lieu d'obtenir un tableau des races aux divisions très nettes, on parviendra seulement à isoler des séries d'individus qui présenteront l'ensemble des caractères regardés comme constitutifs d'une race déterminée et pourront être considérés comme les représentants les plus typiques de cette race dont les traits distinctifs ne se retrouvent pas tous ou ne se retrouvent qu'à un moindre degré chez leurs congénères. On doit, le plus souvent, tourner la page pour pouvoir lire les substitu-tions ou ajouts. La vie des Classiques des sciences sociales. [La traduction française du livre est disponible dans Les Classiques des sciences sociales sous le titre : Le fondement culturel de la personnalité.]. Gageons qu'un enfant africain, par exemple, que des blancs prendraient en charge dès sa venue au monde et élèveraient comme leur propre enfant ne présenterait avec des enfants du même sexe issus de ces mêmes blancs nulle différence psychologique notable due à son origine, s'exprimerait dans la même langue avec le même accent, serait nanti d'un bagage similaire d'idées, de sentiments et d'habitudes et ne s'écarterait de ses frères ou sœurs d'adoption que dans la mesure normale où un groupe social quelconque, si grandes et nombreuses que puissent être les analogies entre les individus qui le composent, n'est point, pour autant, uniforme. Toute sa vie, il réfléchit sur son existence et écrit durant de longues années son autobiographie. En vous mettant à la place de Michel Leiris, imaginez le portrait flatteur qu’il pourrait écrire de lui-même. Mais la recherche de cette explication dans les conditions, par exemple, de l'habitat est à peine moins décevante : s'il est, en effet, des Indiens en Amérique du Nord qui présentent un type physique très uniforme en même temps que des types culturels bien distincts (tels les Apaches guerriers du Sud-Ouest, identiques racialement aux beaucoup plus paisibles Pueblos), on constate également qu'un climat déterminé n'impose pas un genre défini d'habitation et de vêtement (en zone soudanaise africaine on trouve, par exemple, des types très divers de maisons et des populations à peu près nues à côté de populations très habillées). Il est surtout connu pour pour l’Age d’homme, son autobiographie publiée en 1939, à seulement 38 ans mais cet ouvrage est suivi de quatre tomes de La Règle du Jeu, rédigés de 1948 à 1976. BREVET BLANC DOCUMENT A 1 Samedi 11 novembre 1916 Aujourd'hui, j'ai seize ans. À l'échelle des grands groupes raciaux, malgré les cas litigieux (par exemple : les Polynésiens sont-ils des caucasoïdes ou des mongoloïdes ? « Encyclopédie française permanente », tome VII. Y aurait-il, entre race et civilisation, une liaison de cause à effet et chacun des divers groupes ethniques serait-il, en somme, prédisposé à l'élaboration de certaines formes culturelles ? n'autorisent pas à préjuger l'existence de manières d'être et d'agir propres aux membres de chacune des variétés humaines : dès qu'on abandonne le terrain de la biologie pure, le mot « race » perd toute espèce de signification. un fondateur de religion ? Avec la chute d'Adolf Hitler on put croire que le racisme était mort ; mais c'était témoigner d'une vue bien étroite et raisonner comme si nulle forme du mal raciste ne sévissait dans le monde en dehors de cette forme il est vrai la plus extrême et la plus virulente qu'en avait représentée le racisme hitlérien ; c'était oublier que l'idée de leur supériorité congénitale est fortement ancrée chez la plupart des blancs, même chez ceux qui ne se croient pas racistes pour autant. What, for me, is the sacred? Aux caractères censément « primitifs » que les hommes de race blanche croient voir se manifester dans le physique des hommes de couleur (illusion naïve, car à l'égard de certains traits ce serait bien plutôt le blanc, avec ses lèvres minces et sa pilosité plus abondante, qui se rapprocherait des singes anthropoïdes) on a pensé que correspondait une infériorité d'ordre psychologique. Il nous faut donc admettre que, s'il existe des hommes qui peuvent être regardés comme blancs, noirs ou jaunes, il en est d'autres que leur ascendance mixte empêche de dûment classer. Introduction : Avec L'âge d'homme, Michel Leiris inaugure une forme d'autobiographie originale, à la fois ethnographique et psychanalytique. Shipping: £ 2.75. Michel Leiris often refers to the "parasitic formations" wich "proliferate" in his texts and wich, according to him, play only "a secondary role". Or, Leiris écrit son livre alors qu’il n’a qu’une trentaine d’années…. En vérité, on peut dire de presque toutes les cultures qu'elles ont respectivement leurs échecs et leurs réussites, leurs défauts et leurs vertus. D. Appleton-Century Company, New York, London, 1945. Poète proche du surréalisme, écrivain autobiographe et ethnologue africaniste, Michel Leiris (1901-1990) fut aussi l'ami des plus grands artistes du XXe siècle - André Masson, Joan Miró, Alberto Giacometti, Pablo Picasso, Wifredo Lam ou bien Francis Bacon. Title: Bagatelles végétales by Michel Leiris by Michel Leiris (Paris: Jean Aubier, 1956) This research proposes an approach to the concept through the eyes of George Bataille (1897-1962) and Michel Leiris (1901-1990) in 1930s France, having in sight the crossing of their intellectual experiences and their theoretical formulations. 107. 1- La contraction : Michel Leiris Cinq études d'ethnologie, extrait 730 mots 2- L'essai : préparer la réflexion à l'oral "Le voyage et le tourisme favorisent … Le corps étant par excellence ce par quoi une personne se manifeste à nous, nous avons vite fait d'établir entre l'apparence extérieure et les façons d'être une relation de cause à effet : il nous paraît inscrit dans la nature des choses que l'employé à peau blanche occupe ses loisirs en lisant un « digest », que le jaune risque ses gains au jeu et que le noir, si c'est nuit de pleine lune, se joigne aux autres villageois pour chanter et danser. Puisqu'il est lié essentiellement à des antagonismes reposant sur la structure économique des sociétés modernes, c'est dans la mesure où les peuples transformeront cette structure qu'on le verra disparaître, comme d'autres préjugés qui ne sont pas des causes d'injustice sociale mais plutôt des symptômes. le classement est relativement simple : il est des peuples qui, sans conteste possible, appartiennent à l'une ou l'autre des trois branches ; nul ne saurait se récrier si l'on dit qu'un Anglais est un blanc, un Baoulé un noir ou un Chinois un jaune. CORRECTION du BILAN DE SEQUENCE autobiographie. Dans des sociétés de structure aussi complexe, chaque individu, d'une manière générale, se trouve en face de situations plus variées qui l'obligent, procédant à des innovations de conduite, à modifier les réponses traditionnelles pour les ajuster à ses expériences multiples. Plus tard, le racisme a revêtu les aspects virulents que l'on sait et a pris, en Allemagne notamment, la forme nationaliste sans cesser d'être, dans son essence, une idéologie tendant à instituer ou perpétuer des castes au bénéfice économique et politique d'une fraction, qu'il s'agisse de renforcer l'unité d'une nation posée en « race de seigneurs », d'inculquer à des colonisés le sentiment qu'ils sont irrémédiablement inférieurs à leurs colonisateurs, d'empêcher l'ascension sociale d'une partie de la population à l'intérieur d'un pays, d'éliminer des concurrents sur le terrain professionnel ou bien de neutraliser le mécontentement populaire en lui fournissant un bouc émissaire qu'on dépouillera par la même occasion. Cf.